Grand Raid des Pyrénées – Tour des lacs (80 km, 5000 D+)

 

Le samedi au réveil je n’en menais pas large : la boule au ventre, du vent, de la pluie et une chute de la température.

Au moment du départ, sur la place de Vielle Aure, on nous annonce l’arrivée du premier du 160 km que l’on va accueillir avec 1 300 frontales pour lui faire une haie d’honneur. Incroyable sensation.

Après ce moment de magie, on part  sous la pluie qui s’amplifie au passage de l’église de Vignec. C’est le moment où ma lampe frontale me lâche. Heureusement, je ne manque pas de trailers à côté de moi. Pas le temps de s’arrêter, un trailer du groupe nous donne comme conseil de monter rapidement jusqu’au col de Bastan afin d’éviter un maximum la tempête qui arrive dans la vallée.

 

La montée en direction du Pla D’Adet se fait dans un épais brouillard avec une visibilité de 50 mètres maximale après la cabane de Tortes. Au pied du col du Portet, au niveau des télésièges, le vent souffle fort et la pluie s’intensifie de plus en plus. La sensation paraîtra plus forte tout au long de la montée et arrivé au Col du Portet, ce sont des rafales de vent qui nous accueillent.

Mon arrivée au Merlans se fait en 2 h 07, ce qui est très rapide par rapport à mon tableau d’allure : 12 minutes de moins avec une montée à 7,27 km/h de moyenne. Je remplis mes deux flasques de 250 mL et je repars très rapidement. 15 km de fait, et les sensations sont bonnes.

 

À la sortie, le vent devient très fort et la pluie se transforme en grêle et fouette le visage. Je regrette de ne pas avoir mis mon k-way au Merlans.

Je n’ai pas de possibilité de le mettre lors de la montée vers le refuge du Bastan, il y a beaucoup trop de vent. Et j’ai eu raison de ne pas essayer car mon voisin a vu s’envoler le sien dans la tempête, ce qui l’obligera à abandonner quelques kilomètres plus loin au refuge de Campana de Cloutou, transi de froid.

 

Vers le sommet, le vent devient très fort et je me demande bien ce que je fais là. Une rafale de vent me fait chuter dans le pierrier avant le sommet du col de Bastanet. Les bénévoles nous attendent cachés derrière le col pour assurer un point de contrôle (un grand respect pour eux). Passage en 3 h 05, les jambes sont bonnes.

Je mets mon k-way mais mes doigts n’arrivent pas à reclipser mon sac. C’est grâce à la gentillesse d’un bénévole que j’y arriverai.

Je fais une super descente vers le refuge de Campana de Cloutou et je m’impressionne moi-même : les quadriceps sont là et je vois que les montées à la Baffardière servent (un grand merci à Simon de m’avoir fait découvrir ce petit endroit bucolique ).

 

Premier café

Au refuge de Campana  nous sommes accueillis par des supers bénévoles qui ont fait un feu de cheminée. Après ravitaillement d’une flasque d’eau (suite à une fuite), je continue mon chemin en direction des Passets. Arrivé à cet endroit, débute une montée qui pique bien les jambes : la célèbre montée du pic du Serpolet qui se fait en 3 étapes avec un dénivelé positif de 500 m en 3 km sur de l’herbe bien humide.

Le cardio monte à 165 et m’impose de freiner mes ardeurs très rapidement (conseil de Simon). J’arrive au sommet et les bénévoles qui sont secoués comme des pruneaux m’annoncent que le pic du midi est fermé. La descente vers la Mongie se fait avec beaucoup de prudence au début (beau dénivelé négatif) car la pluie a fait son apparition et, avec elle, une petite gêne au niveau du genou gauche en dessous de la rotule.

Arrivé au ravitaillement à la Mongie, je fais le plein en eau, jambon, fromage, et je me laisse tenter par du coca et un petit café.

 

Premier cou de mou

Je repars, déjà 30 km de fait et tout va bien. Je prends la direction du col de Sencours dans un épais brouillard très froid dès la sortie de La Mongie. Après le passage des nuages, j’aperçois le col de Secours au loin sous un grand soleil, avec beaucoup beaucoup de vent qui freine ma progression.
Très rapidement, je perds une dizaine de place au général suite à un petit coup de mou. Manque de jus ou d’envie, c’est l’occasion de sortir mon arme secrète : mon MP3 avec une play-list fait par ma petite #un grand bol de motivox#.

 

Premier chocolat

Ce col est long, on longe toute la crête jusqu’à un petit coup de cul qui brûle les cuisses, refroidies très rapidement par une belle averse avec un gros coup de vent.

Arrivé au col de Sencours, je me ravitaille avec du coca, de la Salvetat et un carré de chocolat .

Afin de ne pas prendre froid, je remets mon k-way et mon bonnet pour assurer la descente dans de bonnes conditions.

 

Premier… de ma catégorie

La descente se fait vite mais avec quelques frayeurs . Arrivé à Tournaboup, mon collègue de travail et super pote Thierry m’attend avec sa famille. Cela me fait chaud au cœur et me rebooste. Il me donne mon classement au scratch et dans ma catégorie : 1^er M3 avec le deuxième à 10 minutes au col de Sencours.

Je repars en direction de la cabane D’Aygues Cluses avec un bon rythme, une belle éclaircie et un joli panorama sur le lac de Port Bielh. À ce moment je possède sans le savoir toujours mes 10 minutes d’avance. Arrivé à la cabane de la Lude je viens de passer la barrière des 60 km et je sens que je tiens le bon bout.

Les jambes commencent à être moins légères mais ça va, à part l’adducteur droit qui me siffle depuis le 30^e à chaque grande levée de jambe. Le terrain est plein de pierres et de racines de sapin.

 

Première féminine (et deuxième, et troisième)

La première fille me double juste avant le Merlans, suivi très rapidement de la deuxième et troisième. Arrivé aux Merlans, un petit ravitaillement avec du fromage et je repars. La montée vers le Portet se fait avec un vent bien établi et de la pluie. La descente se déroule sur un terrain très très glissant et piégeux. Les jambes commencent à être lourdes et moins réactives .

Je gère mon matelas de 10 minutes avec sécurité et en regardant de temps en temps une tête grisonnante .

Au début du cap de Pède se présente mon inquiétude depuis Portet : dans quel état sera la descente ? J’ai ma réponse : le drame holiday on ICE avec trois gamelles en 20 mètres de descente. Un vrai bonheur.
Après ce passage de fou, descente tranquille jusqu’à Vignec où mes premiers amours de Routard – et la fraîcheur de mes jambes – m’ont permis de faire les deux derniers kilomètres à plus de 14 km/h.

 

Premier 80 km

Cette arrivée, je l’ai savourée : la foule, mon copain Thierry et des potes qui avaient couru sur le Néouvieille la veille. Une arrivée de champion du monde. La folie.

Trop content de cette aventure.

 

L’année dernière, le speaker avait demandé mon parcours suite à ma victoire dans la catégorie M2 du Néouvielle. Je lui avais dit non pour le 80 km (c’est le début du monde des costauds). Eh bien, je fais maintenant partie des costaud… mais pas des extra-terrestres comme Cédric. Respect Cédric.

 

Mathias.

 

 

 

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