Grand Raid des Pyrénées – Tour du Néouvielle (43 km, 2400 D+)

Grand Raid des Pyrénées – Tour du Néouvielle (43 km, 2400 D+)

Comme en 2021 et 2022 (et d’autres encore), les Raid’Apte étaient encore au rendez-vous du Grand Raid des Pyrénées cette année.
Ils ont posé les bâtons et pris leur clavier pour nous conter leurs aventures.
Après le Tour du Moudang raconté par Brice, Émeric et Mica, c’est maintenant Stéphanie & Yann, Florent, Cyril et Yohann qui nous racontent leur Tour du Néouvielle (43 km, 2400 D+) qui s’est déroulé le vendredi 25 août 2023.

 

Le récit de Stéphanie & Yann

Deuxième édition du Tour du Néouvielle pour la TESSIER FAMILY 😍

On se dit avant le départ que c’est la dernière fois… La prépa en plein été, c’est pas pour nous… Pas toujours facile à réaliser.

Alors sur la ligne de départ, c’est sans trop de pression que nous y allons. On se dit qu’on connaît le parcours, les difficultés… On le fait tranquillou et on profite…

Top départ, c’est parti. Au programme : 43 km. On monte, on descend et on remonte, on redescend. On passe de « Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’on fait ici ? » à « Regarde le paysage, c’est magnifique cette mer de nuages, ces lacs, ces montagnes ». Puis on s’entraide entre participants, on s’encourage, on se motive. Les douleurs apparaissent, c’est à ce moment là qu’on demande au « Mental » de ne pas nous lâcher… Et enfin, on la voit cette ligne d’arrivée ! Vague d’émotions indescriptibles, nous l’avons fait ! Et, ironie du sort, malgré les périodes de « souffrance » – à croire que nous sommes maso – nous sommes super heureux…

 

 

Le récit de Florent

Pour mon quatrième GRP, super week-end avec mes 2 potos Cyril et Yo !
Après une prépa sérieuse mais pas très intense, on est sur la ligne de départ en pleine forme et surtout avec beaucoup d’enthousiasme ! Enfin pour moi et Cyril…

Photo de famille avec les oranges, “Viva la vida” et GO, c’est parti !

Arrivé au Pla d’Adet après une heure de course, beaucoup de monde, sympa et joyeux, mais pas Simon comme prévu, tant pis j’aurai pas le droit à ses conseils. Pour ce 43 km, ma philosophie : courir dès que je peux et pas de pause pour un objectif de 6 h. Ouh là, ça va piquer !
Pas de souci jusqu’à la Hourquette de Caderolles : la mi-course en 3 h 15 depuis les Merlans, le passage le plus joli entre les lacs du Bastan, la montée au col et le panorama du col : magnifique !
S’en suit la première descente technique et… la première crampe. Aïe aïe aïe, la fin s’annonce dure, je me fais doubler par 3-4 coureurs, incroyable leur vitesse en descente, j’ai limite peur pour eux.

Au Merlans, arrêt éclair, 4 min, idem que l’aller. Là, j’ai été trop bon et trop con, j’aurais bien dû manger et boire plus… Mais après 200 m, retour au ravito, je m’aperçois que j’ai oublié de remplir une flasque… La lucidité au bout de 4 h 30 de course…

Et c’est reparti pour 13,5 km. Il reste 1 h 25 pour passer sous les 6 h, jouable mais pas gagné vu l’état. Après le Cap de Pède et les slaloms entre les vaches : 800 m de dénivelé négatif sur 4,5 km, grosse descente droit dans le pentu ! Je suis crampé de partout mais je cours, c’est pas très académique, grosse souffrance mais ça avance un peu !

Finalement, je franchis l’arrivée en 6 h 09, HS de chez HS. Pas faim, pas soif, pas moi ! Il m’a fallu 1 h 30 pour boire la première bière et me restaurer, j’étais vraiment au bout du bout !

Quel plaisir de retrouver Éline, Laëtitia, Maëva et Nico à l’arrivée, leurs encouragements et leurs sourires font beaucoup de bien et très plaisir. Ensuite c’est l’arrivée des autres Raid’Apte et le même plaisir de les accueillir.

Pas de bobo, de la bonne fatigue pour tous mais le houblon va vite faire oublier tout ça. Au top, super week-end !

 

 

Le récit de Cyril

Mon GRP d’un an

L’aventure commence 1 an avant ce GRP 2023. Ça fait déjà un petit moment que Florent nous parle de ce GRP. Un GRP qu’il a fait trois fois.
Alors, à l’été 2022, Yohann et moi on décide d’y aller, avec Florent. Ce sera sur le Néouvielle, largement suffisant pour une première.
Le défi est de taille et je le sais. Pour preuve, lors d’une soirée (un peu arrosée) je lâche un « putain, si je finis le GRP je suis capable de demander Delph en mariage ». Paroles un peu en l’air (qui imageaient la hauteur de la marche à gravir pour moi) mais les copains l’enregistrent et m’en parleront toute l’année.

Maintenant que le défi est lancé à trois, et après la petite euphorie du début, ben je me rends compte que courir je n’aime pas trop ça. Si je cours, c’est une fois tous les deux/trois mois, deux sessions puis c’est reparti pour une pause de deux/trois mois. OK, je fais du VTT et j’aime ça, mais ça ne va pas suffire.

Raid’Apte

Pas mal de monde autour de nous adhère à Raid’Apte. Émeric, mon voipain, m’en a déjà beaucoup parlé. Et il l’a déjà fait ce GRP. Alors cette asso, c’est sans doute la solution pour que je le prépare. Flo, moi, puis Yo, on s’inscrit. Je crois que j’ai fait le bon choix. Les séances coachées par Simon sont top, on se regroupe par niveau, c’est varié et puis je prends goût et je m’améliore, je le sens. Au fil de la saison, je vais moins au badminton (que je pratique en parallèle) et on sort moins le VTT ; c’est un signe, j’adhère.

Aucune course à mon actif, il va falloir tenter des choses, mais par manque de temps (mouais), et sans doute un peu d’appréhension, ce ne sera qu’un Run & Bike de 20 km avec Yo en novembre 2022, et le Beaulieu Winter Tour en semi-nocturne en février avec lui également. Pas facile le BWT, alors je me dis que le chemin est encore long. La saison se poursuit. Puis l’été arrive vite, fin de saison avec Raid’Apte. Simon nous a montré beaucoup de choses alors il faut les appliquer et faire une préparation plus poussée.

Les vacances de début juillet, ce sera tranquille mais pas inactif. Puis à plusieurs on se croise pour nos séances. Avec Émeric, Brice, Charline, Mica (bon on n’arrivera pas à se croiser avec Romain) et surtout Flo, on part sur des séances au pont des soupirs, des sorties à la Baffardière et des sorties plus classiques. Dans l’été, je passe à quatre bonnes sorties par semaine. La forme est là, je le sens, je pense que j’ai fait ce qu’il faut pour être bien là-bas ! À 10 jours de la course, je me calme.
Pendant ce temps, Yo est malade et doit arrêter sa préparation : sa participation est compromise car il met du temps à revenir. Je suis un peu inquiet si je dois le faire tout seul. Car Flo est en grande forme, a fait une bonne prépa et il partira devant pour faire un temps, normal. Même si Émeric me rabâche depuis longtemps que je suis largement capable de le faire, je doute de mon mental et je comptais sur Yo pour me bouger dans les moments difficiles. Finalement Yo est remis (mais pas trop préparé), il en sera ! Bonne nouvelle, le défi se fera bien comme prévu à trois !

On y est

Jeudi 24 août, on arrive tous les trois sur Saint-Lary, 35 °C. La course est demain, et toutes les 30 minutes, je regarde la météo (moins chaud ça c’est sûr, mais de la pluie ? des orages?). J’ai mal au crâne, il faut que ça passe, je ne peux pas avoir la tête dans cet état demain. Je sens que le stress est là même si je suis super content d’y être enfin. On suit la course des copains de Raid’Apte par l’appli LiveTrail, on a aussi quelques nouvelles et tout le monde ne semble pas au top. Je me demande si ça va le faire pour moi demain, c’est une première et je pars dans l’inconnu.

Après un temps de repos avec cette chaleur, il faut aller récupérer les dossards. On fait d’une pierre deux coups : Nico arrive du 60 km et fait une grosse perf. On l’accueille, c’est l’occasion d’arroser ça avec lui … par une bière (j’en voulais pas Flo ! Mais je ne sais pas dire non alors je la boirai). On croise là-bas Yann et Stéphanie qui vont courir aussi le Néouvielle avec Willy et Marie, des amis. On se dit à demain pour une photo au départ de la course. Il va falloir rentrer à l’appart, on a le matériel à préparer et on ne veut pas se coucher trop tard pour être en forme.
Brice n’arrivera pas trop tard (on l’apercevra du balcon !) mais Émeric, Romain et Mica sont plus loin et on ne verra pas leur arrivée.

Le réveil est réglé sur 6 h – 6 h 10

Vendredi 25 août, 5 h 30, ça racasse dans l’appart. Flo le lève-tôt n’a pas attendu le réveil, et avec Yo on sait que notre nuit est terminée. Plusieurs réveils dans la nuit, mais elle a quand même été bonne.
Le matin, je ne mange pas beaucoup habituellement, mais là il va falloir. Je complète le petit déj’ avec un reste de riz basmati de la veille, je pense que ça peut aider. Le stress est bien là. On s’équipe, sac rempli, chaussures, montre puis téléphone. De mon téléphone, j’enlève la coque pour gagner un peu de place. Ma coque cache un dessin de mon petit dernier (une tête de bonhomme qui sourit avec des yeux en cœur et un papa écrit dessous). Par superstition, je ne veux pas le laisser et il fera partie de l’aventure avec moi, dans une des poches du sac.

Et c’est parti vers la ligne de départ, à pied, c’est à moins d’un kilomètre. Plein de monde, c’est impressionnant. On y retrouve quand même Yann, Stéphanie, Willy et Marie pour une photo. Je prends aussi des photos de cette foule qui va partir avec nous pour cette aventure !

On est plutôt en queue de peloton, prêts à y aller. Flo nous quitte, il va se positionner plus en avant. Je reste avec Yo. Bizarrement, je ne ressens plus de stress à partir de ce moment-là, je me rends sans doute compte qu’on ne sera pas seuls dans cette galère.

Et c’est parti ! On y va au petit trot sur les deux premiers kilomètres avec cette vague humaine de près de 1 500 personnes !

La montée vers le Pla d’Adet commence, je sors vite les bâtons. Je vois bien qu’ils ne servent pas à grand-chose pour le moment, mais ça me permet de garder une cadence. Avec Yo, on croise un couple d’une cinquantaine d’années avec qui on parle un peu. Ce n’est pas leur premier, nous oui. L’échange n’est pas très long mais c’est sympa, ils nous souhaitent une bonne course et on décide de se caler sur eux et de les suivre ; c’est notre rythme sur cette autoroute très chargée. Le Pla d’Adet n’est plus très loin, la côte se raidit un peu mais le rythme de marche est bon.
Le Pla d’Adet est là, et avec les premiers encouragements du public qui est sorti dans le brouillard. C’est super agréable, on entend parfois son prénom, je découvre un peu plus l’ambiance de cette course. Avec Yo on se dit que notre rythme est bon, on est en forme. Je crois que c’est à ce moment-là que j’essaye de manger la première barre de céréales que j’ai emmenée. Mais manger pendant les efforts je n’ai jamais vraiment réussi alors ça a du mal à passer (pourtant je les aime celles-là !). Il faut boire pour que ça coule !

Sur le chemin du col du Portet on croise le coach Simon (il est partout !). Il prend en vidéo nos impressions, notre état, et nous encourage ; là encore, ce sont des petites choses mais ça donne envie de continuer. On passe au-dessus des nuages, il est temps de mettre la casquette car il va faire beau ! (et la crème ? Je n’y pense pas et je n’y penserais plus de la course, tant pis).
On a fait que 12 km mais je vais me prendre une claque. On est au-dessus des nuages et j’ose lever les yeux vers la montée finale du col du Portet. Je vois ce qu’il reste à monter en terme de dénivelé, cette marée humaine qui semble arrêtée dans cette côte et je sais que ça va être long. Je ne peux plus lever la tête sinon je vais être démoralisé, je vais continuer tête baissée à compter les cailloux. Yo est là pour m’encourager, ça va m’aider à finir cette côte !
On arrive en haut du col et, là encore, des bravos, ton prénom qui sort dans les encouragements. Ça va mieux même si je me dis que la route est encore longue. Mais on bascule vite dans la descente vers le premier ravito des Merlans en courant.

Les Merlans 1

Arrivés au premier ravito en un peu moins de trois heures, on entend une foule nous acclamer ! Ah non ce n’est pas pour toi Cyril mais pour le premier qui vient de passer au Merlans pour la deuxième fois et entame sa dernière heure de course pour en finir avec le tour du Néouvielle !! Tant pis, on est pas du même monde…
Je n’ai pas trop envie de manger, l’effort me coupe l’appétit, comme d’hab. Mais je me force à prendre du salé (jambon, fromage) comme j’avais entendu Flo en parler. Le verre de coca et d’eau pétillante passent bien par contre ! C’est l’heure de faire le plein des réserves d’eau, je remets au même niveau qu’en partant (je ne le sais pas encore mais je fais une erreur, je n’ai peut-être pas bu beaucoup plus de la moitié de ce que j’avais, remettre à niveau ne servira à rien à part à me charger les épaules). C’est aussi à ce moment que je me rends compte que beaucoup de l’alimentation que j’ai emmenée sera de trop (Flo l’avait dit, mais par peur de manquer, je n’en ai fait qu’à ma tête).


Quasiment 15 minutes d’arrêt avec Yo, il faut repartir ! Le moral est bon, les jambes vont bien, on part sur un bon rythme de marche rapide. Ça monte tranquillement, et bientôt on voit le lac de l’Oule tout en bas sur notre gauche, c’est l’heure de la première photo en course, un selfie avec Yo devant ce lac vide. Eh oui, je le savais je l’avais lu, ce sera moins joli mais la montagne est magnifique !
Le chemin vers le refuge du Bastan et le col du Bastanet est magnifique avec ces lacs, le temps de faire quelques photos rapides, le tempo en toujours bon. On croise aussi les photographes officiels et on se met bras dessus bras dessous avec Yo pour la photo (dans l’espoir de la voir cette photo, et que ça nous fasse un souvenir !).
Pied du col du Bastanet, une bonne montée mais qui me fait moins peur car elle ne me parait pas si longue que ça et puis les jambes vont bien. Très rocailleux, on s’arrête quelques fois car ça bouchonne un peu (on se croirait sur l’autoroute du retour des vacances à faire l’accordéon).
On est au col, le point culminant de notre aventure, les bénévoles scannent notre dossard et je me vois me demander si ça a bien marché. Parce que je pense à ceux qui me suivent je veux être sûr qu’ils voient que j’avance !
Pas mal de monde en pause en haut du col, en train de manger, se reposer. On se fait un petit selfie, je fais des photos, la vue est magnifique. L’envie de faire une pause comme ceux qui sont là me trotte dans la tête mais je suis rappelé à l’ordre par Yo, et il a raison il vaut mieux continuer !

Après une petite descente et une montée qui me semble très courte, la Hourquette de Caderolles est déjà là. Là encore, on ne traîne pas, on est bien et on descend prudemment car ça glisse un peu parfois. Dans le bas de la descente, je vois que pour certains le GRP fait très mal. Le monsieur en train de vomir du… rien… sur le bord me fait dire qu’il est malade depuis un moment et que ça va être dur pour lui. Je me demande comment il va pouvoir le finir et rentrer au moins au prochain ravito.

On a fait un peu plus de 20 km

Là, on entame une descente par le Lac de Port Bielh en passant par une mer de gros rochers, puis en suivant le ruisseau de Port Bielh. Je tente de manger une demi barre de céréales mais ça passe difficilement. Les paysages sont superbes mais je trouve le temps un peu long ; je n’ai jamais fait de sorties si longues dans la durée. Alors j’ai le temps de penser à ma famille et me demander ce qu’ils sont en train de faire pendant que moi je galère. J’ai bien entendu mon téléphone biper pendant la course, je sais que ça discute (qui, quoi ?) mais je ne regarderai pas.
Yo veut parfois courir, on le fait un peu mais j’ai une envie de me préserver pour la suite, je ne sais pas si on va tenir alors dans le doute…

À travers ces supers coins (petits ruisseaux à traverser, forêt), on se rapproche du lac de l’Oule et je suis devant, je descends plutôt bien finalement en marche très rapide et je vois parfois que Yo n’est plus loin derrière. Est-ce qu’il n’arrive pas à doubler les trois/quatre entre nous deux, ou est ce qu’il est cuit ? Je ne le sais pas encore.

Depuis le départ du premier ravito ,on aura croisé plusieurs fois Willy et Marie que l’on connaît juste depuis la veille.
Un peu fatigué et impatient d’arriver au dernier ravito, je demande devant moi si le ravito est à 27 km ou 30 km (alors que je le sais). Un bénévole qui arrive dans l’autre sens nous dit que c’est dans 3,5 km, encore 500m de descente et ce sera la remontée à côté du lac de l’Oule vers les Merlans. Peut-être un peu de perte de lucidité ou d’impatience à ce moment-là.
Dans cette montée Yo me dit qu’il est dans le dur et qu’il faut que je l’emmène. Il se cale derrière moi pour garder le rythme et moi je me colle aussi à un groupe pour que ce soit plus facile. On est dans un rythme qui me va et même si je suis fatigué il faut continuer, on va le faire.
L’arrivée au Merlans est proche mais se fait désirer. On nous avait dit « après le virage à gauche, c’est les Merlans », mouais… presque. Le ravito va faire du bien.

Merlans 2

Le ravito est en vue et je sentais depuis quelques centaines de mètres un regain de motivation. À l’approche du ravito, je vois deux petits hommes verts s’approcher de nous, téléphones à la main. Des martiens ? Je suis en pleine hallucination ? Non deux mecs qui vont filmer ou prendre des photos ; sans doute pour ceux devant nous, ou peut-être bien ceux derrière nous. Mais en approchant, je les reconnais, Émeric et Romain, avec leurs t-shirts de finisher de la veille ! Ah cool, ils sont venus encourager les Raid’Apte qui passent au ravito.
Le ravito ? Pas envie de manger. Je tente quand même des abricots secs, un, deux OK, mais ça suffit, ça ne veut pas rentrer. Le verre de coca et d’eau pétillante passent toujours bien par contre ! C’est là que je tente la soupe : révélation ! J’aurais dû en prendre ce matin. Là, ce sera deux gobelets ! Le plein des réserves d’eau : je remets (encore) au même niveau qu’en partant (pourquoi ? tu te fais mal pour rien…).
Et puis on prend le temps de discuter avec Émeric et Romain, de faire des photos souvenirs. J’ai la pêche, je suis boosté par cette rencontre parce qu’ils nous disent que c’est tout bon pour nous, que la remontée vers le col du Portet ne nous prendra que 20 min et qu’on va être finisher ! Ça fait du bien, 15 bonnes minutes qu’on est arrêté.

Il faut repartir, bon rythme dans cette montée du col. On est au col pour entamer la descente. Quelques encouragements des personnes présentes. J’ai encore plus la pêche, on a « plus qu’à descendre », ce sera une partie dans la brume. Yo est cuit, archi cuit. Il paye son été à moitié malade et sa préparation tronquée, et la fin va être dure. On essaye quand même d’alterner un peu de course et de marche rapide mais c’est très dur. La descente est parfois très raide, ses jambes ne le retiennent même plus parfois !
Je pars un peu en avance quelques fois, je me sens bien, porté par cette euphorie de savoir qu’on va le faire mais les jambes brûlent quand même. Plusieurs fois Yo me dit de partir. Pour moi c’est hors de question ! Je lui dis, on le fait à deux ce GRP, bonhomme ! Ça devait être mon mental, et ça l’a été pour le début de course. Depuis le kilomètre 27 environ, c’est moi qui ai pris le relais, et j’espère que je fais le nécessaire pour le booster. Et je vais le faire jusqu’au bout.

La descente est longue, 12 km, chemins de passage de vaches, petits chemins rocailleurs, parfois humides, il faut faire attention. Jusque-là, aucun problème avec mes pieds mais je sens que deux ampoules sont en train de pousser sur mes talons ; m’en fiche, ça ne me gênera plus maintenant.
Moins de 5 km, on passe sur une route, on lâche un peu les jambes, ça court plus vite car ça ne descend pas beaucoup, idéal pour Yo. Mais on reprend vite d’autres descentes plus compliquées. On se fait gentiment chambrer par une dame d’une cinquantaine d’années environ, « bah alors les gars il faut courir là ? ». Oui c’est la fin, on essaye et je lui fais remarquer en souriant quand on l’aperçoit dans un virage en contrebas, je suis joyeux.
Moins de 3 km, je suis un peu devant, j’ai le temps de filmer un peu Yo, de recevoir deux coup de fil de Flo (arrivé depuis bien longtemps, même si je ne sais pas à ce moment qu’il vient de taper un temps de malade !). Je lui explique la situation, que Yo est juste derrière, il me dit que la bière est prête, qu’ils nous attendent à l’arrivée ; quoi de mieux pour être encore plus euphorique pour l’arrivée.
On est dans la vallée. Moins de 2 km, alors on fait une tentative de course mais ce n’est plus possible pour Yo. Il vaut mieux en garder pour les derniers 500 m.
On y est, au bord de la Neste d’Aure, Yo me dit « prends ma main emmène-moi », carrément ! Et on va courir. C’est génial, plein de monde, pleins d’encouragement, nos prénoms qui sortent encore. Tu sais à ce moment que tu viens de faire ça pour ce moment-là aussi.
La femme de Yo et une de ses filles se jettent sur lui, je ne sais pas même s’il les reconnaît sur le coup, s’il s’en rend compte. On nous prend nos bâtons. Dernier virage, et une montée pour passer sur le petit pont avant l’arrivée. Je tire Yo pour cet ultime mètre de dénivelé positif. Le final, c’est une arrivée à travers la foule, sur le tapis rouge, où j’aperçois Flo qui va nous prendre en photo. J’ai le temps de faire une petite grimace pour immortaliser ça !
La ligne est franchie ! On se tombe dans les bras avec Yo. Et on se félicite parce qu’on l’a fait. Je ne l’ai jamais vu avec cette tête, la tête de quelqu’un qui aura fini au mental mais qui est au bout du bout.

Flo, la femme de Yo, Nico qu’on a vu arrivé hier et Maëva sa copine nous rejoignent pour les félicitations. Ma tête tranche avec celle de Yo : j’ai une banane, tellement heureux d’avoir fini et « plutôt bien » physiquement finalement, enfin j’ai l’impression. À voir ma tête Maëva a un doute sur le fait que je sois descendu à pied et pas plutôt pas le téléphérique, mais ça c’est la tête d’un mec heureux.
Les copains sont là pour filmer ma demande en mariage, mais ça ne sera pas pour aujourd’hui ; un jour peut-être, de toute façon la concernée n’est pas là (elle m’avouera en rentrant à la maison qu’elle a quand même pensé que je le ferais peut-être à l’arrivée. Elle n’avait pas l’air déçue de ma non-déclaration, j’ai évité tout incident). Mais aujourd’hui je profite, de la fin de cette aventure. Je pense à ma famille, pressé de leur raconter comment c’était : génial. Le petit dessin de mon fils a encore plus souffert que moi dans le sac, mais j’ai eu la promesse d’en avoir un autre.
Je ne fais pas attention au temps que l’on a mis pour la course, la place à l’arrivée, le plaisir était ailleurs aujourd’hui. Finir, arriver avec les potes qui vous accueillent et savourer !

Récupération des récompenses, collations, que je sers à Yo qui est assis contre une barrière et ne peut plus se lever. 5 minutes plus tard je le retrouverais tout de même la tête dans les morceaux de pastèques en train d’en profiter. Et enfin c’est le moment de rejoindre ceux qui nous ont accueillis pour partager la (les) bière(s) promise(s) qui fait (font) tellement de bien. On retrouvera aussi Yann, Stéphanie, Willy, Marie, qui arrivent ensuite. C’est le moment de se raconter nos journées, nos galères, les bons moments. Notre aventure. La mienne, ma première, aura débuté il y a un an. J’ai encore le sourire en me rappelant ces moments passés pour ce premier GRP avec les copains. Le temps a été idéal, les sensations très bonnes et même, juste après la fin de la course, je savais que j’avais envie d’y retourner un jour et de revivre ça. Aujourd’hui c’est toujours le cas.

Félicitation à tous pour votre participation, vos réussites, vos galères !



 

Le récit de Yohann

C’est une aventure qui a commencé un an plus tôt autour d’un bon repas. Cela faisait un petit bout de temps que la conversation était bien engagée sur le sujet, alimenté par les différentes expériences de Flo. La décision est prise ce soir-là : je serai au départ du GRP Tour du Néouvielle 2023, 43kms avec mes potes Flo et Cyril avec qui une amitié de 30 ans nous lie.

Cyril le logisticien de l’équipe m’envoie un message le jour des inscriptions : ça y est c’est fait, c’est avec les dossards 6081, 6033 et 6034 que nous partirons.
Maintenant reste le plus dur : la préparation. Flo et Cyril sont déjà inscrit à Raid’Apte et ils me vendent bien l’association et les séances de course à pied du mardi : groupes de niveaux, ambiance amicale, esprit de compétition pour les plus férus ou simple entretien physique pour d’autres. Me voilà inscrit à mon tour. Vers septembre, mes premiers pas à Raid’Apte.
Vite mis dans le bain avec la méthode Simon, je découvre que le Raid’Apte est une grande asso. Effectivement, à chaque séance de course, ce ne sont presque jamais les mêmes personnes présentes (et il y a aussi trois créneaux de multi-sports !), l’ambiance est bonne et studieuse.
Les séances se passent, je sens l’envie qui revient et le retour de bonnes sensations dans les jambes. Je me cale avec Cyril pour apprendre à se connaître sportivement puisque nous ferons la course ensemble. Flo, quant à lui, a un objectif différent : celui de finir en moins de 6 h.

Pour continuer dans cette dynamique avec mon binôme de choc, on tente le Run & Bike 20 km à Olonne. Bon retour, avec l’envie mais encore quelques points à améliorer.
Puis en février, le Beaulieu Winter Tour en semi-nocturne. Cette course – où j’ai pris du plaisir à courir avec mon pote – marque l’évolution de nos progrès et la satisfaction de voir Cyril apprendre à connaître ses limites, mais continuer jusqu’à passer la ligne d’arrivée ensemble.
Les mois continuent de passer, les entraînements s’intensifient doucement, les progrès sont là et bien visibles grâce au travail perso et les séances rythmées de Raid’Apte, puis bien sûr avec les conseils de Simon.

Nous voilà fin juillet, les séances spécifiques commencent et le nombre de sorties également. Au menu : montées-descentes au pont, la Baffardière, VTT…
Pour cause professionnelle je ne peux pas suivre ce rythme, mais dès que possible, je sors les baskets. Malheureusement, presqu’à un mois du départ du GRP, j’attrape une bactérie, celle-ci me sèche sévèrement : perte de poids, fatigue, arrêt de travail, antibiotiques. Ça sonne ma fin de prépa et ma participation est plus que compromise. Deux semaines avant le jour J, j’annonce aux copains que je ne prendrai pas le départ, les symptômes sont encore présents.
Nous sommes le 16 août, date de ma reprise de travail après trois semaines d’arrêt maladie, mais encore avec les antibios. Deux jours plus tard, Cyril m’envoie un message qui me booste, celui-ci me fait cogiter et deux jours plus tard, je reçois mes résultats d’analyses qui sont bons.
Ma décision est prise, j’y serai et comme je dis souvent, c’est mental, il va falloir être fort dans la tête pour compenser le physique. J’annonce la nouvelle à Flo et Cyril. L’un est content, l’autre est content ET soulagé, car comme prévu cette course on la fera à deux (pour le reste du récit d’avant-course, lire l’excellent compte rendu de Cyril juste au-dessus).

Nous voilà sur la ligne départ. Enfin presque puique nous sommes pratiquement à la fin de cette marée humaine impressionnante entre 1500-1700 personnes.
Le départ est lancé, le ton est donné. Au bout du premier lilomètre, l’ascension commence déjà jusqu’au Plat d’Adet. Nous sommes dans un bon tempo avec Cyril, les sensations sont bonnes, on profite et on vit l’atmosphère spécifique de ce genre de grande course. Avant l’ascension du col du Portet, surprise ! Simon est là pour nous encourager et nous prodiguer les derniers conseils. Ça redonne de l’énergie et multiplie la motivation. Arrivés en bas du col du Portet, on lève les yeux et là, ouf ! Première claque : une chaine humaine s’étend devant nous jusqu’au sommet que nous apercevons à peine. Au milieu de l’ascension je suis encore bien, j’arrive à imprégner un rythme, Cyril me suit mais commence à grimacer. Je le motive et nous voilà arrivés au sommet à 2 215 m d’altitude. Il souhaite se poser et prendre des photos comme plusieurs personnes présentes là-haut. Je lui dis une photo oui, mais on ne se pose pas, car la reprise serait trop dure. Ne pas se poser est dommage vu la beauté du paysage surtout que dans ma tête je pensais avoir fait le plus dur.

Nous voilà arrivés au Merlan, premier ravito. Il est apprécié, ça fait du bien physiquement et mentalement. J’applique les conseils de Flo et Nico – mon beau-frère arrivé 101e la veille sur le 63 km – tous 2 coureurs expérimentés : ne pas se gaver, boire doucement et goûter la fameuse soupe aux vermicelles.

Après 15 minutes, on repart avec mon poto. Le regard est complice et on sent que ça commence à sentir bon le finisher. La course continue, nous voilà en approche du lac de l’Oule, magnifique paysage entre croisé de forêt et petits ruisseaux. Cela fait un moment que je suis moins bien mais j’essaie de faire bonne figure en trainant dans mon sillage Cyril. Je décide de faire un micro-arrêt pour me rafraîchir et mouiller ma casquette. À ce moment-là, Cyril me passe devant avec plusieurs personnes sans stop. Pour moi, arrêt fatal, premières douleurs. J’ai du mal à revenir sur Cyril qui est bien et imprime un bon tempo.
J’arrive à recoller, je lui dis je suis dans le dur, il me reboOste, je prends sa trace jusqu’au Merlan pour le deuxième ravito. Nous sommes accueillis (et surpris !) par Romain et Émeric, finishers la veille. Ils nous motivent, 15 minutes d’arrêt et c’est reparti.

Dès la reprise, cette montée de col est déjà dure pour moi. Cyril m’entraîne et je le suis : les rôles sont inversés. Arrivés en haut, plus que 12 km en descente, je me motive. Ce sera plus facile, mais cruelle désillusion. Cyril veut courir mais je ne peux pas ou plus, on alterne quand même un peu de course et marche.
L’œil rivé sur ma montre pour voir les kilomètres restants.
À 5 km de l’arrivée, petit regain d’énergie et de rythme sur une belle partie bitumée.
À 3 kms de l’arrivée nous commençons à entendre le vacarme de la vallée. Cyril est devant et courT encore comme un lapin. Je lui dis de partir devant, il refuse, il me rappelle que nous sommes partis à deux et on passera la ligne à deux. Ses mots sont bons pour moi, je suis cuit archi-cuit : crampes, douleurs, je paye cash mon manque de préparation finale.
Dans les derniers 800 m au bord de la Neste d’Aure, je ne peux presque plus marcher, tout se joue au mental. Cyril voulant courir, je lui dis « maintenant prends-moi la main et emmène-moi au bout en courant », j’ai lu sur son visage une stupéfaction mais un œil complice. Et nous voilà sur les derniers mètres de cette incroyable course.
À 30 m de la ligne, surprise ! Ma femme et ma fille m’attendent pour me porter jusqu’au bout. J’ai du mal à réaliser car je ne suis plus lucide, Laëtitia me prend mes bâtons et me prend ma main gauche, Cyril me tient la main droite et Elyne nous ouvre le chemin en portant les bâtons de Cyril. Et nous franchissons la ligne d’arrivée où on tombent littéralement dans les bras l’un de l’autre. On l’a fait ! On l’a fait, nous voilà finishers. Nous retrouvons Flo qui, lui, a atteint son objectif de 6 h de course. Pour nous, ça sera 9 h 25 de périple humain et sportif où tous les ingrédients étaient réunis pour que cette course dans un cadre unique et magnifique reste un souvenir unique.
(Pour plus de détail sur notre aventure, voire le résumé de course de Cyril : tout y est).

 

 

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By | 2023-09-19T10:28:27+01:00 18/09/2023 - 15:41|Compte Rendu, Section Sport Nature|0 commentaire

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