Grand Raid des Pyrénées 2023 – Tour du Moudang (63 km, 3600 D+)

Grand Raid des Pyrénées 2023 – Tour du Moudang (63 km, 3600 D+)

Comme en 2021 et 2022 (entre autres), les Raid’Apte étaient encore au rendez-vous du Grand Raid des Pyrénées cette année.
Ils ont posé les bâtons et pris leur clavier pour nous conter leurs aventures.
On commence par les récits du Tour du Moudang (±63 km, 3600 D+) qui s’est déroulé le jeudi 24 août 2023
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Le récit de Brice

Cette année c’est Tour du Moudang avec ses 64 km accompagné de mon binôme de CO : Émeric, ainsi que Romain et Mica, tous de de Raid’Apte.
Encore une fois mon entrainement est au top, j’ai eu le temps de faire 3 sorties de 10 km !!
Après une petite nuit car mal dormi, on se lève à 3 h 15. En effet, le départ est avancé à 5 h du mat’ pour cause de grosse chaleur. Et en plus on a décidé d’aller du camping jusqu’au départ en courant (on n’est pas à 2 km près !!!).
Il est 4 h 30, on décolle enfin (car on devait partir à 4 h) !
5 h, c’est le grand départ. On est en t-shirt et il fait déjà chaud.
Cette année, je décide de partir au milieu du groupe contrairement aux autres GRP où je partais volontairement dans les derniers. Ça court déjà à un bon rythme mais j’arrive à suivre. Je rejoins rapidement Émeric avec qui on fait un bon bout de chemin ensemble.
Au bout d’une dizaine de kilomètres, bien lancé, c’est la queue. Arrêt net au niveau d’un single qui monte. On attend patiemment notre tour (au moins 15-20 minutes). C’est long et frustrant. On voit passer l’ami Romain.
Enfin, on s’engage. Plus d’un kilomètre de single avec interdiction de doubler et ça n’avance pas devant. On arrive au bout et c’est parti pour une grande descente : mon point fort !!! Émeric me connait et me souhaite une bonne journée !!! Je pars à fond et double pas mal de monde.
Une heure plus tard, j’aperçois Romain au loin. Je le rattrape tranquillement et arrivé à son niveau, je lui lance un “c’est où que ça se passe Didier !!!!” à l’oreille.
On continue ensemble. On a un bon rythme. On arrive au premier ravito où nous attendent Christophe et Fabrice (en mode randonneurs, ils sont là – notamment – pour encourager les copains de Raid’Apte). Ça fait toujours plaisir d’avoir de la visite sur le parcours. Ils nous suivent sur plusieurs kilomètres puis nous disent au revoir près de la cascade.
Avec Romain on avance bien, on est synchro, on double régulièrement.
Arrivé en haut, Monsieur doit se faire un strap. Je décide de descendre au ravito pour commencer à manger. Mais sur la descente jusqu’à Bielsa, je vois au loin un grand noir qui descend à fond. Pas le choix, faut que je le double !!!!! Et c’est parti, je le rattrape petit à petit. Il m’a repéré et ne se laisse pas faire. On rigole bien mais je finis quand même par le doubler !! Du coup la descente a été rapide !!
Arrivé au ravito, je n’ai pas vraiment faim à cause de la chaleur. Je me force à manger mais j’ai surtout soif.
Puis c’est reparti, la montée après Bielsa est horrible. Je m’arrête au moins 4 fois. Mais mon copain de descente n’est pas mieux que moi, ça me rassure !! Je me fais énormément doubler sur cette montée. C’est frustrant. Ensuite grande descente. Je retrouve les décors de mon premier GRP (la GELA).
On économise l’eau. Il fait très chaud. La route est longue jusqu’au prochain ravito de Fabian, surtout les derniers kilomètres où tout le monde te dit que tu arrives au ravito alors qu’il te reste 1,5 km.
Enfin, je vois mes 2 grands qui m’attendent et qui m’accompagnent jusqu’au ravito où je retrouve ma femme et ma petite dernière. Cette année, ma petite famille a pu venir et ça fait plaisir.
Après une demi-heure et une bonne douche au tuyau d’arrosage, je repars pour la dernière montée. Une longue partie sur la route chaude en plein cagnard puis on bascule dans la nature.
Ça grimpe jusqu’à Lac de L’Oule qui est à sec. C’est impressionnant à voir et on se rend bien compte des milliers de m3 qu’il peut y avoir. En revanche c’est moche !!!! Je continue jusqu’aux Merlans, le dernier ravito. Le temps se couvre, il commence à faire moins chaud.
Et enfin c’est la dernière ligne droite. 12 km de descente en courant pour finir accompagné de mes 2 grands jusqu’à la ligne d’arrivée.
C’était une belle rando et une belle journée !!!!

Le récit d’Émeric

Tour du Moudang 2023 !
Départ annoncé : 6 h
Finalement ce sera 5 h, grosse chaleur annoncée sur la journée. Pas grave, on avancera le réveil.
Au petit matin, ça commence bien pour moi, je n’entends pas la sonnerie. Merci à Romain qui me réveille.
Petit déj’ vite fait, en fait, j’ai pas vraiment faim. Y a rien qui me fait envie. Comment ils font pour manger les gars autour de moi ?
Le temps de s’équiper pour la journée, petit footing du camping à la ligne de départ pour se mettre en jambes. On retrouve les copains de Raid’apte. Cool.
On a tous les yeux encore un peu fatigués. Les frontales éclairent la nuit. La pression monte, on s’encourage avant de s’élancer. Petites photos avant la course : obligé. Avec Nico, qu’on ne reverra pas pendant la course. Trop rapide pour moi. Et aussi avec Mica, Brice et Romain.
5 h 00 : c’est parti.
Les jambes sont molles, j’essaie de me détendre. Je perds rapidement de vue les copains. Concentration, mais qu’est ce que je fous là en fait ? Bref, les premiers kilomètres se passent plutôt bien. Et rapidement, on arrive toutes et tous sur un bouchon, à hauteur de la ville de Tramezaigues, obligé de s’arrêter, avant de monter en file indienne, un par un pour rejoindre la ville d’Eget.
Je croise Simon, notre coach du mardi. Cool, les encouragements, ça fait du bien. Puis je rejoins Brice quelques mètres devant (en grugeant un peu). Je ferai au moins un bout de chemin avec lui.
Par la suite, montée vers les granges du Moudang. Moi qui craignais cette première montée, plutôt bien passée en fait. Le soleil pointe le bout de son nez, et on peut couper les frontales.
Premier ravito, et avant de repartir, Mica me rejoint, et on se retrouvera à chaque ravito du parcours (en même temps, si vous cherchez Mica, il y a de grandes chances de le trouver à un ravito…). Eau gazeuse, bouillon de légumes ou coca, ça passe bien. Niveau bouffe, pas grand chose. Pas envie. Je laisse les saucissons pour Mica de toute façon.
Allez hop, je repars, Mica me rejoindra plus tard. Direction Bielsa, et sur le parcours, top de faire une portion avec Tof et Fabrice, qui sont venus nous encourager, et ça fait du bien. Merci encore les gars.
Arrivée à Bielsa, encouragements de mes parents et des enfants, qui viendront me voir aussi à Fabian et à l’arrivée. Merci, c’est cool et ça redonne de l’énergie.
Entre Bielsa et Fabian, il fait très chaud, mes 3 litres de flotte n’ont pas suffi. Il est loin ce ravito ! Je croise pas mal de traileurs dans le mal. Assis, à se reposer. J’arrive, enfin, à Fabian.
Beaucoup d’abandons à ce niveau. Mais ce n’est pas prévu à mon programme. Objectif : Finisher coûte que coûte. Jamais eu l’intention d’abandonner de toute façon. Je me réhydrate comme il faut. Et c’est de nouveau reparti. Direction Les Merlans.
Mica repart en même temps que moi, puis s’arrête pas longtemps après pour remanger. Il me rejoindra au prochain ravito. J’espère. J’arrive à hauteur du lac de l’Oule, et j’entends derrière moi : “Allez Raid’Apte”. Je me retourne et qui je vois ? Romain, qui dans ma tête était loin devant bien sûr, et qui venait de faire une pause d’au moins une heure au précédent ravito à Fabian.
Il était pas bien le gars… On poursuit ensemble jusqu’aux Merlans.
Repause bien méritée, avec bouts de fromage qui passent bien. Mica nous rejoint ! Ouf, on a eu peur qu’il abandonne. Je repars devant, pour la dernière montée jusqu’au Portet. Histoire de prendre de l’avance. Ils me rejoindront les copains, ils sont trop forts, je ne suis pas inquiet. Selfie devant le panneau “Saint Lary”, et j’entame les douze derniers km, de descente, les gars me rejoignent. Mon genou commence vraiment à me faire mal. Ça va être difficile. Je dis aux copains de partir devant, mais non ils m’attendent.
On finira cette course ensemble, c’est décidé. Merci les gars de m’avoir encouragé sur ces moments difficiles. La nuit retombe et les frontales se rallument.
23 h 40 je crois, je ne sais plus, on passe la ligne d’arrivée ! Tous les trois Raid’apte.
Et je finis aussi accompagné de Maxence et Lilou mes enfants. On est finisher… des finishers.
On ferme cette course, plus personne n’arrivera après nous. On est sur le podium, à l’envers. On l’a bien mérité cette médaille et ce t-shirt.
Papa et Maman sont aussi là pour les derniers mètres. Brice aussi, qui est arrivé, quelques heures plus tôt bien sûr ! La pression retombe ! On peut être fiers, et on l’est ! Un bon repas s’annonce : raclette party, et oui, c’était prévu comme ça. La bière fait du bien et le repas aussi. Là, ça passe vraiment.
Il est 2 h du mat’. Bonne nuit.
Merci aux bénévoles du GRP, merci à tous ceux qui nous ont encouragés le long du parcours. Et merci aux Raid’Apte qui ont couru avec moi, qui sont venus nous encourager, qui envoyaient des messages à distance, qui redonnaient des forces. Et à toutes celles et ceux qui nous suivaient via les applis.
60 km environ et 3 600 m de dénivelé environ, ça c’est fait 😃⛰️🌞😎🏃😉

Le récit de Mica

En raison de la chaleur, c’est après une (très) courte nuit (digne d’un stop 4 h du Vendée Raid) que je prends le départ, avancé à 5 h en raison de la canicule annoncée.
Je ne me sens pas bien avant même de démarrer, et la première heure de course est difficile pour moi. J’ai voulu partir assez “vite” (ouais, bon, “vite” pour moi, je veux dire) en prévision du single qui s’annonce (Olivier – qui avait fait la même course dans l’autre sens l’an passé – m’avait prévenu que ça bloquerait rapidement) mais je n’ai clairement pas les canes. C’est frustrant car ce début de course ne présente aucune difficulté à part la chaleur assez inhabituelle à 5 h du matin (ça monte doucement sur une route et un chemin roulant). Mais je ne me sens pas bien, alors je ralentis vite dès Vignec pour ne pas me cramer. Arrivée au single, j’attends mon tour pendant plus de 15 minutes. Probablement un mal pour un bien car je repars revigoré en fin de single.
Dans la descente d’Eget, je double pas mal de monde et pareil ensuite dans la montée jusqu’aux Granges du Moudang (premier ravito) où j’arrive largement avant la barrière horaire.
Dans l’ascension vers le port de Bataillence, je suis contraint de faire une pause rapidement à cause d’un début d’ampoule au talon. Un gros coup de vaseline et je repars, je me sens bien, j’ai retrouvé du jus (ah, les ravitos, quelle belle invention).
La montée est longue mais on est encore à l’ombre et j’avance bien, j’arrive même à doubler quelques personnes avant de retrouver Fabrice et Christophe qui me proposent de faire un bout de chemin avec moi jusqu’au lac d’Héchempy. C’est un chouette moment, ça fait du bien de discuter un peu et d’avoir des nouvelles des copains qui sont devant. Vu ce qu’ils me disent, sauf défaillance, je ne devrais pas revoir Brice ni Romain. Émeric, lui, est à vue, possible que je le rattrape lors de la prochaine descente ou au ravito de Bielsa.
La descente jusqu’à Bielsa se passe bien même si je la fais lentement (trop technique au vu de mes qualités physiques : je peux porter un piano à queue tout seul sur mon dos, mais j’ai bien des difficultés à sauter de caillou en caillou tel un cabri). À ce moment de la course, je suis vraiment bien, j’ai de super sensations. J’ai rejoint Émeric, ce qui permet aussi de se changer les idées et de discuter un peu (mais vraiment à peine, Émeric, c’est pas du tout le genre à parler sans arrêt… hum).
Ravito à Bielsa, je prends mon temps, je remets un coup de vaseline derrière les deux talons, je prends bien le temps de m’alimenter et de me rafraîchir parce que ça commence à taper dur.
Je démarre l’ascension vers Port Vieux plein d’entrain, j’ai vraiment l’impression d’être en pleine bourre, je ne devrais pas tarder à rattraper Émeric qui est parti un peu avant moi. Mais je dois vite déchanter : je n’ai plus de jus pour monter et j’ai vraiment du mal à démarrer cette ascension, à trouver un rythme (même lent). Je me pose trois minutes pour bouffer un truc (on sort juste du ravito, je sais). Je me sens bien, je repars… mais je n’y arrive toujours pas. Je m’arrête à nouveau deux-trois minutes pour me rafraîchir à un ruisseau. Et je repars… cette fois plein de canes ! Le temps que le ravito fasse effet ? Un besoin de coup de frais ? C’était vraiment bizarre, comme si, par mégarde, j’avais mis un truc sur “off” et que je venais de le remettre sur “on” sans m’en rendre compte. L’essentiel, c’est que ça aille mieux. J’ai mis 20 bonnes minutes à démarrer vraiment mon ascension mais cette fois, je suis bien parti. Je remonte les concurrentes et concurrents pour finalement rattraper Émeric qui s’inquiétait de ne pas me voir arriver.
En plus d’être un soulagement, la fin de cette ascension nous offre un panorama grandiose. Je me sens toujours bien mais il “commence” (sic) à vraiment faire très chaud. Heureusement, une longue descente (avant une courte remontée) jusqu’à Fabian s’annonce. Passé le début un (tout petit) peu trop technique (trop pour que je sois capable de courir, en tout cas), je déroule et je cours pratiquement tout le long. Je laisse assez rapidement Émeric en délicatesse avec son genou en descente. Je me sens vraiment bien, ce (long) passage est vraiment un régal. Seul souci : il faut rationner la flotte car Fabian est encore loin (et il faut chaud, je ne sais plus on vous l’a dit ?). Je me garde un fond de gourde au cas où.
À 1,2 km du ravito (d’après le roadbook), je termine ma flotte, pensant que c’est presque terminé. Je monte, je traverse la route dans le village et… je sens une grosse fringale, vraiment intense. Une sorte de besoin de manger que je ne connais habituellement que lorsque l’appareil à raclette est mis en marche. Je suis sur le point de m’arrêter bouffer un truc lorsque deux papys me disent : “courage, plus que 300 m, c’est juste en haut de la côte”. C’est à l’ombre, je me dis que je tiendrai bien jusque-là. En fait, il reste plus d’une borne (en montée) durant laquelle j’entendrais encore à deux reprises qu’il ne reste “plus que 300 m”. Au final, arrivé au ravito de Fabian (41 km annoncés, 43 km à la montre) c’est trop tard pour m’alimenter : rien ne passe. J’avale difficilement l’eau gazeuse et le coca, je grignote une demi tranche de pain que je n’arrive pas à manger. Je suis au fond du seau, je n’ai plus d’énergie et je vois en l’espace d’une demi-heure une bonne quinzaine de personne signaler leur abandon.
Pour ma part, l’abandon n’est pas une option (à la maison, madame trouve dommage que les non-finishers n’ait pas aussi un lot comme, par exemple un tee-shirt “loser”…) mais je ne sais pas si je vais réussir à repartir, et encore moins à être dans les temps au prochain passage (les Merlans). Je sais que ça peut revenir (je n’ai pas oublié qu’il m’est arrivé la même chose au Tour du Néouvielle 2021) et j’ai passé Fabian avec une heure d’avance sur la barrière, ça me laisse une certaine marge. Alors je repars et j’y vais petit pas par petit pas. Mais la moindre montée raide est un calvaire. Je m’oriente vers une arrivée hors-délai au Merlans tellement je n’avance pas. Émeric est maintenant loin devant mais Romain me rattrape (il était arrivé à Fabien une heure avant moi, je ne pensais pas le retrouver à mes trousses) et me propose qu’on continue ensemble. Je refuse, lui disant que je n’avance plus et que je risque d’être hors-délai. Il me propose quelques trucs à bouffer mais rien ne me fait vraiment envie. J’accepte un truc sucré (j’ai du salé à foison dans le sac) : un bout de pâte d’amande à la banane. Immonde, infect. Comment peut-on mettre des trucs aussi dégueulasses en vente, sans déconner ?
Je maudis Romain et sa dégueulasserie… jusqu’à retrouver un peu de peps, un semblant de jus qui me permet de repartir à un meilleur rythme, lent mais régulier. J’avance en mode robot vérifiant qu’à ce rythme, je serai dans la barrière. Finalement, j’ai presque 30 minutes d’avance à Merlans.
À ce ravito, je sais qu’il faut que j’arrive à manger alors je prends du bouillon de soupe de vermicelles (sans vermicelle). Un verre, puis deux, puis trois, puis quatre. Au cinquième verre, je prends même quelques vermicelles. Allez, ça passe, je m’en fais un sixième.
Et je retrouve une grosse énergie. Je propose à Romain qu’on finisse avec Émeric qui est vraiment en difficulté avec son genou. On termine ensemble et, comme Émeric l’a déjà écrit, on ferme la marche de ce tour du Moudang.
C’était dur mais chouette. Mais dur.
Immense bravo et immense merci à toutes et tous les bénévoles qui nous permettent de vivre de telles aventures.
By | 2023-09-19T10:47:45+01:00 14/09/2023 - 0:07|Compte Rendu, Section Sport Nature|0 commentaire

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